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Défendre les droits sur les pas de Martin Luther King

Ce qu’en pense les lyonnais aujourd’hui ?

Publié par Serge PERRIN, le 5 mars 2008.





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Infatigable défenseur des droits civiques des populations noires des Etats-Unis (alors dominés par des législations racistes), Luther King avair organisé de nombreux boycots dans tout le pays et avait mené la marche de 250 000 personnes jusqu’à la Maison Blanche en 1963.
Le MAN a donc posé la question suivante aux participants du Forum Social : « Et pour vous ? Quelles sont les injustices contre lesquelles lutterait Luther King s’il vivait aujourd’hui en France et à Lyon ? Pour quels droits se battrait-il ? ».

Une trentaine de personnes ont répondu, voici le résultat de ce petit sondage. Il donne quelques indications sur la sensibilité actuelle concernant les injustices de notre société et les droits identifiés comme étant à conquérir ou à faire respecter.

Des injustices à combattre...

Au niveau des injustices qui sont dénoncées dans ces réponses, c’est manifestement la situation des personnes immigrées ou étrangères qui est le plus préoccupante. Les injustices ont-elles vraiment changé depuis 40 ans, d’un continent à l’autre ? Ce sont « toujours les mêmes : le rejet des immigrés », estime l’une des sondées. Luther King se battrait aujourd’hui contre le « racisme », « le rejet des immigrés », « la discrimination raciale à l’emploi », « la discrimination au travail des jeunes de banlieue au faciès ». Certains parlent de « l’exclusion de certains au seul motif de porter un prénom qui ne sonne pas ’vieille France’ ». Mais c’est également « le renvoi des étrangers de France » et « les expulsions de sans-papiers » qui constituent des injustices à combattre. « Honte à la France »...

Au second rang des injustices identifiées figurent les inégalités socio-économiques, c’est dire « les inégalités face à la santé, au logement, au travail », « les discriminations sociales, économiques et juridiques ». Une autre manière de parler de ces inégalités est de parler de « la pauvreté » et de « toute forme d’’exclusion ».

Mais peut-être que Luther King vivant de nos jours lutterait-il dans la rue avec les associations de personnes sans-logis ou mal logées, aux côtés d’Albert Jacquard ou de feu l’abbé Pierre ? En effet beaucoup évoquent cette question du logement, à travers la situation inacceptable des « SDF » mais également à travers les inégalités socio-économiques ou les discriminations raciales pour accéder au logement.
Enfin, un thème revenant à plusieurs reprises est la situation spécifique des femmes dans notre société : l’ « exclusion des femmes » et la « discrimination du travail des femmes » ne sont-elles pas des injustices criantes ?

...et des droits à défendre et à conquérir !

Concernant les droits pour lesquels on imaginerait Martin Luther King se battre aujourd’hui, les réponses sont multiples, attestant de la diversité des aspirations qui restent insatisfaites dans notre société.

Le droit le plus évoqué concerne, encore une fois, les personnes immigrées et étrangères. Luther King combattrait peut-être pour le « droit pour l’étranger de vivre une vie privée et familiale normale », pour les « droits des étrangers en France », ou encore les « droits des sans-papiers ». D’autres réponses visent plus précisément encore l’ouverture totale des frontières : elles prônent le « droit à l’immigration pour tout le monde quelle que soit sa nationalité », le « droit pour la circulation libre des personnes ».

Certains évoquent des principes éthiques généraux qui orientent la lutte : par exemple agir « pour que chacun soit véritablement considéré comme un être humain et respecté comme tel ». Ces principes doivent ensuite être déclinés en droits plus concrets. Ainsi le droit « à la dignité humaine en France » se décline-t-il ensuite dans les domaines suivants : « logement, prison, travail ».

On remarque que ce sont moins les droits formels que des droits sociaux et économiques qui manquent à être respectés aujourd’hui : « accès au logement pour tous », « égalité au travail » entre hommes et femmes, « redistribution des biens »,... Parfois ces droits sont déclinés plus concrètement encore : mise en place de « structures d’accueil pour adultes handicapés mentaux et autistes », droit à un « accompagnement scolaire », « application de la taxe Tobin »,...

Pourtant certains droits plus formels sont encore à conquérir, comme celui du « mariage des gays », ou à défendre contre les régressions, comme le droit « à la manifestation » et « à l’information »...

Droits collectifs, droits mondiaux, droits nouveaux...

L’une des réponses évoque un droit extérieur à la France, mais que nous nous devons de respecter dans nos agissement nationaux : le droit à « la paix dans le monde »...on sait en effet que la France est l’un des premiers exportateurs d’armes, et se compromet dans le soutien à des régimes belliqueux en Afrique notamment.

Une autre réponse mentionne un droit de type collectif, qu’il est sans doute nécessaire d’instituonnaliser et de faire respecter contre les attaques des multinationales : le droit à «  la souveraineté alimentaire ». Il concerne et touche tous les habitants de la planète.

Dans ce même registre, notons la présence de plusieurs réponses faisant allusion à la situation écologique actuelle. Pour une sondée, Martin Luther King prendrait aujourd’hui en compte dans ses préoccupations « peut-être même l’écologie ». Pour un autre, c’est clair : il agirait entre autres « pour l’environnement ». Certains mettent des mots sur ce combat : ils parlent de « décroissance » et même de « baisse de la consommation ». Finalement, derrière cela, un nouveau droit inédit émerge peut-être, qu’il nous faut prendre en compte : « le droit des générations futures à la vie, à une existence vivable ».

Mais pourquoi tenter de se mettre d’accord sur ce que ferait ou penserait Luther King aujourd’hui, alors que nous ne pouvons que l’imaginer ?
Il vaut peut-être mieux inventer nous-mêmes nos combats à partir de nos propres analyses (et au final c’est ce que chacun était invité à faire en projetant ses préoccupations et analyses dans ses réponses à ce questionnaire), en nous inspirant de sa ténacité et de ses méthodes d’action non-violentes...

On laissera donc le mot de la fin au poète de service. Luther King ? « Il rigolerait et nous dirait : ’écoutez votre coeur !’ ».

Guillaume GAMBLIN
MAN Lyon