Mouvement pour une Alternative Non-violente

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Quand contre-vérités riment avec (dé)raison d’État...

Communiqué du 24 février 2015

Publié par MAN, le 24 février 2015.





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Ce discours (voir www.elysee.fr) mériterait d’être publié in extenso dans tous les journaux régionaux et d’être étudié dans les collèges et lycées afin que chaque Français-e puisse découvrir sur quelles affirmations sujettes à caution est assise notre politique de défense. Car, comme l’analyse Jean-Marie Muller (voir), le Président de la République y « proclame les articles de foi du catéchisme nucléaire et récite les dogmes de la théologie nucléaire sur le ton d’une conviction qui n’entend laisser place à aucun doute ». Et pourtant nous pouvons nourrir de nombreux doutes...

Après avoir déploré la reprise de la course aux armements, tout en omettant de rappeler que la France y participe largement (4ème ou 5ème exportateur mondial selon les années), et encore récemment par la vente de Rafales à l’Égypte (toujours loin d’être un modèle d’État démocratique (voir), François Hollande a déroulé les contre-vérités habituelles sur lesquelles il fonde sa croyance en la dissuasion nucléaire.

Alors qu’il vient de rappeler « la crise ukrainienne » et « la montée en puissance de Daesh », il en conclut que « le temps de la dissuasion nucléaire n’est pas dépassé ».
Mais, alors que les récents accords de Minsk sont déjà bafoués, la France peut-elle menacer la Russie de l’arme nucléaire ?
En quoi nos armes nucléaires dissuadent-t-elles les membres de Daesh, ou d’autres réseaux terroristes, de poursuivre leurs œuvres de destruction et de conquêtes ?
Pourtant «  la dissuasion nucléaire vise à protéger notre pays de toute agression d’origine étatique contre ses intérêts vitaux, d’où qu’elle vienne, et quelle qu’en soit la forme » affirme notre Président en notre nom !

Autre affirmation : « un avertissement de nature nucléaire ayant pour objectif le rétablissement de la dissuasion » peut être décidé par le chef de l’État et lui seul. Aveu que la dissuasion peut donc être mise en échec ?
Mais le chef de l’État pourra-t-il prendre cette décision d’un tel « avertissement » lorsque l’on connaît les risques de déclenchement cataclysmique qu’il pourrait engendrer pour la planète ?
Car, comme le dit Jean-Marie Muller, «  l’arme nucléaire n’est pas une arme légitime de défense, mais une arme criminelle de terreur, de destruction, de dévastation et d’anéantissement  » qui, si nous l’employions un jour, nous mettrait au ban des nations. En effet, " tout emploi de l’arme nucléaire constituerait un crime contre l’humanité et la civilisation " (résolution des Nations Unies du 24 novembre 1961), ce qui discréditerait la France aux yeux du monde entier.
Le Président Hollande proclame également que la France est le champion du désarmement nucléaire par le fait d’avoir démantelé les missiles sol-sol du plateau d’Albion et ramené son arsenal à 300 têtes nucléaires, ce qui constituerait le niveau de « stricte suffisance ». Mais dans le même temps, la France poursuit, via son fort coûteux programme de simulation, la mise au point des armes nucléaires du futur, détournant ainsi sa ratification du Traité d’interdiction des essais nucléaires, et bafouant l’article VI du Traité de non prolifération qui l’oblige à désarmer « de bonne foi ». N’est-ce pas se mentir à elle-même ?

Ainsi la « mauvaise foi » dont le Président de la République fait montre au sujet de la dissuasion nucléaire nous conduit à dépenser chaque année des sommes astronomiques (environ 4 milliards d’euros) dans une stratégie de défense inutile et même dangereuse pour l’avenir de notre planète.

Il est temps que chaque Français(e) sache tout cela et décide d’exercer son pouvoir de citoyen(ne) en obligeant le chef de l’État et ses successeurs à renoncer à la possession de cette arme de destruction massive : il nous faut décider le désarmement nucléaire unilatéral de notre pays, seule voie raisonnable pour redonner à notre pays sa grandeur au sein des nations !

Le 24 février 2015
Patrick Hubert
Responsable du réseau Désarmement nucléaire du MAN