Affrontements violents entre adolescents

(actualisé le ) par MAN

Ces dernières semaines, des jeunes sont allés jusqu’à s’entretuer. Des familles entières sont meurtries par ces drames, des communautés scolaires, et plus généralement tous les professionnels dont l’activité tourne autour de l’éducation sont touchés.

Ces événements renvoient également nos générations d’adultes à leur responsabilité collective vis-à-vis d’une jeunesse qui exprime pour partie la situation d’abandon dans laquelle elle se trouve. Depuis un an maintenant, par principe de précaution sanitaire, les autorités maintiennent fermement un couvercle sur une marmite en ébullition, espérant que la chaleur retombe, sans plus d’ambition. Actuellement l’école et la famille sont les seuls lieux de vie, essentiels pour beaucoup, malheureusement douloureux pour certains autres.

La crise sanitaire a pour conséquence de priver la jeunesse de l’expérience de vie sociale que sont les activités sportives et culturelles. Ces adolescents sont coupés du lien qu’ils avaient avec des adultes, autres que parents ou professeurs, et notamment les responsables et animateurs de ces activités. Ils sont privés de ces repères structurants, capables de leur rappeler sans cesse la différence entre les agissements "pour de vrai" et "pour de faux". Ils sont privés de ces "adultes de passage" avec lesquels ils se sentent à la fois reconnus, contenus et stimulés. Depuis un an, pour échapper à l’enfermement et à la promiscuité qui en découle, les jeunes n’ont quasiment plus que des contacts virtuels, souvent non maîtrisés : nombre d’entre eux s’y désinhibent et s’y défoulent, sans construire de relations nourrissantes. Les trafics, les rixes entre bandes rivales ne sont-ils pas aussi des tentatives de se recréer des espaces pour échapper au sentiment de vide et de désespoir ?

Face à une telle situation le MAN considère comme urgent :
- de rétablir des liens entre ces jeunes et ces adultes avec la reprise d’activités extrascolaires,

- de développer des actions de soutien aux parents,

- de "prendre soin" des jeunes au sein même des établissements scolaires,

- de mettre en œuvre des réponses pédagogiques fondées sur les principes de la non-violence. L’élève y apprend à résoudre les conflits sans violence, grâce à la maîtrise de moyens d’expression et d’argumentation. Le MAN rappelle que la formation à la régulation non-violente des conflits pour les personnels de l’Éducation Nationale est inscrite dans la loi de refondation de l’école de la République et que le Socle des Connaissances et des Compétences y fait référence.

- de réinvestir tous les territoires urbains et ruraux actuellement délaissés en y renforçant les services publics, notamment les services de prévention spécialisée, de médiation et de protection de l’enfance.

Le Réseau Education du MAN prend sa part, notamment en proposant des ateliers en partenariat avec les structures d’éducation populaire, à destination des jeunes dans les associations, le périscolaire et à l’école, ainsi que des formations à destination des parents.

Les responsables du réseau éducation du MAN

P.-S.

Crédit photo : une adhérente du MAN



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