Mouvement pour une Alternative Non-violente

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Face à la pandémie comme au terrorisme, la peur est un frein, elle ne permet pas d’avancer

Publié le 6 novembre 2020.





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Certes, il est important de donner aux citoyens le sentiment qu’ils sont en sécurité, tant sur le plan sanitaire que civil.
Agiter la peur est elle le bon moyen pour y parvenir ? Le dicton affirme au contraire que « la peur est mauvaise conseillère »

La pandémie est brutale, inattendue et nous laisse assez démunis. Certes. Vouloir nous en protéger est louable.
Faut il pour autant contrôler, surveiller, punir, culpabiliser, « drôner » ? Cette infantilisation nous sépare les uns des autres et nous fragilise. La liberté c’est aussi la capacité à faire des choix, à penser par soi même et à se déterminer dans le respect de la liberté et de l’intégrité des autres. Cette responsabilité liée à la liberté nous est refusée, voire niée. De même réduire les personnes âgées à leur vulnérabilité physique est réductrice et peut les fragiliser davantage. N’ont elles pas l’âge de décider de ce qui est le mieux pour elles ? Il n’est pas acceptable non plus que les enfants apprennent à croire que « l’autre » est potentiellement porteur de mort, tout comme lui même.

D’autres contradictions sont incompréhensibles : malgré la pandémie, la politique de suppression de lits dans les hôpitaux continue (voir site www.bastamag.net/carte-des-suppressions-de-lits-hopital-covid-reanimation-ARS-CHU). Les promesses faites au personnel soignant à la sortie du premier confinement n’ont pas été tenues.

Nous aimerions que la même énergie qu’à l’encontre du Covid 19 soit déployée pour lutter contrer la pollution atmosphérique qui on le sait cause plus de 48000 morts chaque année en France, ou pour le soutien vers une agriculture respectueuse de la terre et de l’environnement. De même il n’est pas raisonnable de laisser les GAFAM et autres multinationales tirer profit de cette pandémie, comme c’est le cas actuellement.

Les experts de l’ONU et du GIEC nous le disent : Les pandémies seront plus nombreuses et plus graves dans l’avenir, en raison de la perte de biodiversité, de la déforestation et du dérèglement climatique, du système économique et agricole, de la destruction des habitats naturels ... Ces phénomènes augmentent les contacts entre les humains et les pathogènes présents dans la faune sauvage. Ces experts estiment que sur les 1,7 millions de virus inconnus présents chez les mammifères et les oiseaux, entre 540 000 et 850 000 seraient susceptibles d’infecter les humains.Serions nous condamnés à refouler ce qui nous constitue comme humanité : vivre ensemble car nous sommes des êtres de relation, fondamentalement. Et les relations affectives nourrissantes renforcent nos systèmes immunitaires. Tout en étant attentif à ne pas transmettre ce virus, osons la vie et ce qui lui donne du goût !

Le MAN exhorte les citoyens à exiger de nos responsables politiques qu’ils oeuvrent de toute urgence et avec force et détermination pour la préservation de notre terre. Il appelle à soutenir Pierre Larouturou, qui depuis le 28 octobre, est en grève de la faim afin que le budget européen qui doit être voté bientôt pour les 7 années à venir intègre les taxes demandées, par exemple sur les transactions financières, afin de financer la lutte contre le dérèglement climatique.
Et à chacun nous demandons à son échelle d’aller dans ce sens, en favorisant tout particulièrement les producteurs locaux et en faisant des choix de vie qui préservent l’avenir. L’urgence climatique c’est maintenant !

L’autre peur véhiculée est celle du terrorisme. Emmanuel Macron a déclaré , comme l’avait fait Nicolas Sarkozy en 2010 : « La peur doit changer de camp ». Il nous paraît beaucoup plus important de l’apaiser. La peur structure l’insécurité. Rassurer, là non plus, ce n’est ni contrôler, ni surveiller, ni interdire. La répression, les violences policières, l’interdit de manifester, les mises en garde à vue et les procès concernant des militants écologistes ou humanitaires , le « maintien de l’ordre » ne protègent pas. Ils demandent silence et soumission. Ils peuvent aussi amener à terme à la rébellion.

La peur de l’autre peut se transformer en colère et en appel à la violence. Ce pas a été franchi par Christian Estrosi, maire de Nice le 28 octobre dernier quand il a déclaré « Il est temps que la France s’extraie des lois de la paix pour anéantir l’islamo-fascisme ». Son émotion et sa colère sont bien compréhensibles et naturelles après le lâche attentat qui a touché Nice. Mais il est indispensable de revenir à la raison. Rentrer dans cette escalade de représailles, de vengeance, ne fera qu’augmenter la peur, chez tous. Au nom de la liberté, il ne faut pas tuer la liberté et la sécurité ! La tentative d’assassinat d’un commerçant d’origine maghrébine par un membre d’un groupe identitaire d’extrême droite en Avignon quelques heures après l’attentat de Nice est tout aussi ignoble et à proscrire. Ces deux actes proviennent du même refus de la différence et de l’altérité. Cette dérive violente met à mal et les libertés et la démocratie.

Il nous est demandé de rester unis. Encore serait il nécessaire de préciser quelle est la visée de cette unité : contre le terrorisme ? Contre les terroristes ? Ou pour construire la paix, la justice et la fraternité ?
L’unité ne doit pas occulter la diversité, la liberté de penser et de croire et la nécessité de débattre et de dialoguer. L’altérité nous construit et nous enrichit. L’uniformité nous assèche et nous appauvrit. La pensée unique est à la fois mère et fille de l’insécurité, des populismes et des régimes autoritaires.

Le MAN redit sa conviction que tous les humains ont le droit de penser, de croire et d’obtenir justice. Lutter contre les inégalités, les préjugés et l’intolérance est une affaire de chacun et de tous les instants.

Développer dès l’enfance l’empathie, encourager les rencontres, se réjouir de notre diversité, apprendre à penser par soi même, à s’affirmer tranquillement tout en permettant à l’autre de s’affirmer tranquillement sont des tâches urgentes, qui sont les antidotes radicales à la peur de l’autre et à la violence.

« Liberté, égalité et fraternité sont indissociables »

« Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous périrons tous ensemble comme des imbéciles » Martin Luther King

Annie Déan, porte-parole