La menace Bolloré-Zemmour
Publié le 4 octobre 2021.
L’homme d’affaires Vincent Bolloré vient de prendre le contrôle d’Europe 1, du JDD, de Paris Match et des éditions Hachette. Au printemps dernier, il a pris le contrôle de Prisma Media, le premier groupe de presse magazine en France, avec Voici, Capital, Femme actuelle, Télé-loisirs... Dans son escarcelle, il a déjà le groupe Editis, avec plus de quarante maisons d’éditions, par exemple Le Cherche Midi, Robert Laffont et Nathan. Bolloré contrôle des chaines de télévision comme CNews, Canal + et C8. Il est donc partout : radio, télévision, maisons d’édition, presse magazine.

On savait Bolloré proche de Nicolas Sarkozy lorsqu’il fut élu Président, mais actuellement c’est Éric Zemmour, malgré déjà 3 condamnations pour injures publiques à caractère raciste, que Bolloré affectionne. Ne l’a-t-il pas laissé agir à sa guise une heure par jour sur CNews, avec près d’un million de téléspectateurs, jusqu’à ce que le CSA fasse déprogrammer son émission, avançant que Zemmour allait se présenter aux prochaines élections présidentielles ? Également en septembre 2021, Bolloré a fait nommer Lisa Boël, éditrice historique de Zemmour, à la tête des éditions Plon, maison détenue par le groupe Editis, lui-même propriété de … Bolloré !
À quelques mois de la présidentielle de 2022, l’enjeu n’est rien de moins pour l’empire Bolloré que le contrôle de l’opinion. Une telle concentration de médias n’est pas nouvelle. Déjà Robert Hersant, dans les années 1980, détenait 40% de la diffusion totale des quotidiens français. Mais avec Bolloré, ce ne sont plus les opinions de la droite classique qui se mettent en valeur. Ce sont celles d’un polémiste d’extrême droite, sur la sécurité, l’immigration et l’histoire relue à sa façon, notamment sur Vichy et la guerre d’Algérie.
Sans la puissance financière de Vincent Bolloré, Éric Zemmour ne représente finalement que lui-même. C’est un produit médiatique qui fonctionne par la polémique trash, nouvelle tendance de la société du spectacle dont le but est de fabriquer de l’audience et provoquer ainsi des rentrées d’argent.
L’enjeu - dans le contexte actuel, pour ceux et celles qui veulent une démocratie vivante, une société moins violente, plus juste et plus écologique -, est clairement situé sur le fait de gagner la bataille culturelle. L’information est une nécessité démocratique fondamentale. Pour cela le MAN demande que l’indépendance des journalistes soit respectée même quand ils travaillent « chez Bolloré » et nous demandons aux partis politiques qu’ils s’engagent à mettre une limite législative à la constitution d’un tel empire médiatique qui nuit gravement à la démocratie.
François Vaillant
Porte-parole du Mouvement pour une Alternative Non-violente