Le MAN demande justice pour Pinar Selek, militante pour la paix

Persécutée depuis plus de 25ans pour son combat contre toutes les formes de violence et de domination, Pinar Selek risque d’être condamnée à perpétuité au cours d’un procès qui se tiendra le 31 mars prochain à Istanbul. Le MAN demande l’arrêt des persécutions judiciaires à l’encontre de la militante, son acquittement et appelle les autorités françaises à tout mettre en œuvre pour assurer sa sécurité et sa protection.

Voici l’intégralité du communiqué de presse :

Justice pour Pinar Selek, militante pour la paix

Le Mouvement pour une alternative non-violente (MAN) affirme son entière solidarité avec Pinar Selek, sociologue, écrivaine et militante qui a consacré sa vie à la lutte contre toutes les formes de violence et de domination, et aujourd’hui menacée d’une condamnation à la prison à perpétuité.

Le MAN lutte depuis plus de 50 ans contre la militarisation de la société et pour des alternatives non-violentes dans les stratégies militantes, la vie sociale et politique, l’éducation. C’est tout naturellement que le mouvement est en contact depuis 10 ans avec Pinar Selek, qui partage avec lui le combat contre la violence sous toutes ses formes, et pour la paix.

Rappelons que Pinar Selek s’est engagée au sein du mouvement antimilitariste et pour l’objection de conscience au service militaire en Turquie dès son émergence, au tournant des années 1990. Dans son travail de sociologue comme dans son militantisme, elle n’a cessé de formuler une critique virulente de la violence armée.

En 1996, Pinar Selek réalise une recherche de sociologie sur le mouvement armé kurde. Si sa recherche vise à saisir les mécanismes de la violence armée, elle comporte aussi de nombreuses critiques de celle-ci. En 1998, elle est emprisonnée puis torturée par les autorités qui cherchent à lui faire avouer les noms des personnes kurdes dont elle a recueilli les témoignages pour cette recherche. Pinar refuse de parler et est incarcérée durant deux ans. On l’accuse alors d’avoir perpétré un attentat terroriste. C’est cette accusation créée de toutes pièces (tous les rapports d’expertise officiels ont prouvé qu’ils s’agissait de l’explosion accidentelle d’une bonbonne de gaz) qui sert de prétexte à la persécution qu’elle subit depuis maintenant 25 ans. Acquittée déjà à 4 reprises, l’État fait systématiquement appel de ces acquittements, et une nouvelle audience aura lieu le 31 mars 2023 devant le Tribunal criminel d’Istanbul. La Turquie a lancé également début janvier 2023 un mandat d’arrêt international à son encontre.

Il est particulièrement aberrant et cruel d’accuser d’attentat terroriste une femme qui a consacré sa vie entière à lutter contre toutes les formes de violence et à tracer des chemins vers la paix. Rappelons que Pinar Selek a écrit en Turquie plusieurs livres sur l’antimilitarisme et les stratégies pour construire la paix. Qu’elle y a organisé de grands rassemblements de femmes pour la paix. Qu’elle fut une amie et une camarade de lutte de Hrant Dink, journaliste arménien engagé pour la paix et la non-violence, assassiné en 2007, parfois surnommé "le Gandhi arménien". Qu’en France, où elle est exilée depuis 2010, elle a organisé ou participé à plusieurs rencontres pour la paix.

Deux membres du MAN participeront à la délégation internationale qui se rendra à Istanbul le 31 mars prochain en qualité d’observateurs lors de l’audience qui aura lieu. Le MAN affirme sa totale solidarité avec Pinar Selek et demande que cette persécution judiciaire cesse et que Pinar Selek soit acquittée définitivement. Il demande également aux autorités françaises de tout mettre en œuvre pour assurer sa protection et sa sécurité.

Le 20 mars 2023

Serge PERRIN, animateur du réseau solidarité internationale du MAN