Mouvement pour une Alternative Non-violente

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Le SNU ou le déraisonnable entêtement du gouvernement.

Publié par MAN, le 10 novembre 2020.





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Le SNU est conçu avec « un séjour de cohésion sociale de deux semaines », en internat sous un régime quasi militaire, suivi la même année par « une mission d’intérêt général de douze jours » auprès d’une collectivité, chez les pompiers, dans la police ou la gendarmerie. Il a officiellement pour objectif de développer chez les jeunes « la mixité sociale », « les valeurs de la République » et « le sens de l’engagement ». Depuis 2019 le SNU s’adresse à des volontaires mais il est prévu de le rendre obligatoire à partir de 2023 aux 800 000 jeunes de 16 ans.

Cette année, malgré les efforts déployés par les préfets et les recteurs d’académie pour recruter 30 000 garçons et filles âgés de 16 ans, il n’y a eu que 2 500 volontaires ! Le confinement n’est pas responsable de ce désaveu des jeunes, puisque le recrutement a eu lieu principalement avant.

La « mixité sociale » ne se décrète pas : elle se construit dans une démarche pédagogique ambitieuse. Par quel miracle le SNU réussirait-il en un mois ce que l’Éducation nationale, faute de volonté politique et de moyens, ne parvient pas à réaliser entre la maternelle et la classe de 3° ?

Le « sens de l’engagement » ne s’impose pas : il se découvre au gré de rencontres. De nombreux jeunes n’ont pas attendu le SNU pour s’engager dans les milliers d’associations sportives, artistiques, pour le climat… Ne conviendrait-il pas mieux de consacrer les 2 000 € que coûte un jeune quand il effectue un SNU pour enfin subventionner correctement ces associations ainsi que les mouvements de l’Éducation populaire qui savent réaliser un réel brassage social basé sur la participation volontaire ? Pourquoi, depuis le quinquennat de Nicolas Sarkozy, les gouvernements refusent-ils de voir que ces associations et mouvements mettent en œuvre la mixité sociale et le sens de l’engagement, et promeuvent ainsi les valeurs de la République et l’éducation à la laïcité ?

Une large majorité des jeunes ne veulent pas du SNU et le Mouvement pour une alternative non-violente (MAN) les soutient. Le MAN a lancé une pétition pour que le SNU soit annulé au plus vite.
Il est en effet temps que le gouvernement réalise que le SNU est voué à l’échec.

Pour le MAN, François Vaillant.

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Compléments :

• On ne compte plus les associations, mouvements et personnalités qui demandent l’annulation du SNU. Comme par exemple dans la Tribune publiée dans Le Monde du 8 février 2020, signée par un collectif d’intellectuels, de membres du monde associatif et d’artistes, comme le pédagogue Philippe Meirieu et Sonia Basset présidente du MRJC.

https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/02/08/service-national-universel-les-jeunes-aspirent-a-autre-chose-qu-a-un-certificat-de-conformite_6028876_3232.html

• La Covid n’est pour rien dans le fait qu’il n’y a eu cette année que 2 500 volontaires au lieu des 30 000 escomptés par le gouvernement. Le recrutement a commencé fin janvier et devait se terminer fin mars. Il a été prolongé, sans succès, en avril à cause du confinement commencé le 17 mars.

• La Covid a bousculé en 2020 l’ordre des deux phases du SNU, en inversant leur déroulement. La phase d’intérêt général s’est déroulée en été, donc avant la phase en internat qui aura lieu en 2021 dans la plupart des départements. Cette phase en internat reste conçue avec son régime quasi militaire (lever à 6h30, habillement en uniforme, salut au drapeau, chant de La Marseillaise aux paroles si peu pacifiques et fraternelles, etc.)

• La mise en place du SNU était confié au secrétaire d’État Gabriel Attal. Quand celui-ci fut nommé le 6 juillet 2020 porte-parole du gouvernement de Jean Castex, le dossier du SNU fut alors confié à Sarah El Haïry, nommée le 26 juillet 2020 secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’Engagement auprès Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports. Pour Sarah El Haïry : « Il y a une volonté au plus haut niveau de l’État pour que le SNU soit mis en œuvre. » (AFP 22 septembre 2020). On le savait déjà !

• Le SNU obligatoire va coûter chaque année au moins 1,5 milliard, un vrai gâchis, ce « pognon de dingue » pourrait être utilisé autrement !

• Extrait de la Tribune publiée dans Le Monde du 8 février 2020 contre le SNU :

« Pour être éducatif, l’engagement doit être accompagné par des professionnels (professeurs, animateurs, éducateurs) que ce soit à l’École ou dans les associations reconnues pour leur compétence. Celles-ci ont l’expérience de parcours croisés favorisant la mixité sociale (par exemple entre jeunes urbains et jeunes ruraux), les pratiques de coopération et de mutualisation des savoirs. C’est en s’appuyant sur la diversité des cultures dans des actions collectives que se construisent le mieux les identités, la confiance en soi, l’esprit de responsabilité et les pratiques démocratiques, loin de la loi du plus fort qui domine dans une société néolibérale. 
Nous pourrions aussi encourager et financer largement toutes les formes de rencontre et de coopération entre jeunes d’origine différentes, tant dans le cadre de séjours de vacances que d’activités sportives, artistiques et culturelles, ou encore d’engagements au service des plus démunis, des séniors isolés ou de la sauvegarde de la planète. Nous pourrions également multiplier les bourses, les aides à la mobilité, les soutiens aux projets innovants pour susciter de nouvelles solidarités. »

Le MAN partage totalement ces propos.