Monsieur le président de la République, nous avons honte !

par MAN

Les Émirats arabes unis ont signé le vendredi 3 décembre un contrat pour l’acquisition de 80 avions de combat Rafale et de 12 hélicoptères Caracal, à l’occasion de la tournée diplomatique du président français Emmanuel Macron dans la région du Golfe.

La vente aux Émirats arabes unis de 80 avions Rafale pour un montant record de 17 milliards d’euros ne grandit pas la France ! Ces avions, produits par le constructeur privé Dassault, capables d’attaques de précision et potentiellement porteurs d’armes nucléaires, n’ont pas vocation à lutter contre le terrorisme, comme l’affirme le ministère des Armées. Leur déploiement au Sahel n’a pas mené à l’éradication, bien au contraire, des groupes terroristes.

De plus les Émirats arabes unis étant impliqués dans le conflit au Yémen, toute livraison d’armes leur est interdite par les conventions internationales.

L’argument de l’emploi masque mal le fait qu’investir pour rester dans le top 3 des vendeurs d’armes est plus important pour nos dirigeants que d’investir dans la transition écologique, alors même que le dérèglement climatique risque de générer des conflits dans lesquels ces armes françaises pourraient être utilisées… pour tuer ! Cette perspective est une honte pour notre pays !

Déjà les ventes d’armes récentes à l’Égypte, au Qatar, à l’Arabie saoudite, étaient la preuve que la politique française piétinait les Droits humains. Car ces pays emprisonnent et torturent leurs dissidents politiques, parfois les assassinent. Et aucun ne constitue un modèle en matière de respect du droit de la femme ou du droit du travail, comme en attestent les rapports d’Amnesty international relatifs aux décès survenus sur les grands chantiers en cours, au Qatar notamment.

Tout en saluant les personnalités qui ont critiqué cet odieux « contrat du siècle » le MAN demande :

• que la France respecte enfin le Traité sur le commerce des armes (TCA) qu’elle a ratifié. Adopté le 2 avril 2013 par l’Assemblée Générale des Nations Unies, il stipule qu’aucun transfert de matériel militaire n’est autorisé si les armes vendues sont destinées à violer le droit humanitaire international ou à porter atteinte à des populations civiles ;
• qu’un contrôle parlementaire effectif soit effectué sur ces dossiers de ventes d’armes, avec publication chaque trimestre des contrats accordés ;
• qu’une commission interministérielle soit créée pour étudier une progressive reconversion des 160 000 emplois directement concernés par l’industrie d’armement. Les outils industriels de l’armement peuvent en effet être mis à profit pour une autre politique, telle la recherche et le développement concernant les énergies renouvelables et les appareils de haute technologie médicale que la France achète actuellement à l’étranger.

Le MAN réaffirme que nos dirigeants devraient changer de cap en travaillant à la nécessaire reconversion des industries d’armement vers des biens utiles et nécessaires à la transition écologique.

Contact presse : François Vaillant, porte-parole du MAN



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