Mouvement de résistance de l’autre côté de la Méditerranée
Communiqué de presse du MAN du 16 février 2011
Publié le 16 février 2011.
Ces révolutions s’inscrivent dans l’histoire des résistances civiles par lesquelles des peuples sans armes et sans usage de la violence sont parvenus à faire tomber des dictateurs et des régimes autoritaires à travers le monde durant les dernières décennies (Union Soviétique, Philippines, Madagascar, Ukraine…). Pas de leader charismatique, pas d’organisation secrète, pas d’armée clandestine… Mais la conjonction de la révolte organisée et politisée d’une partie de la jeunesse et de la société et de groupes sur Facebook, de tweets et de vidéos sur YouTube, rencontrant les aspirations de la population à vivre autrement, et une opportunité historique qu’ils ont su saisir. Les jeunes, et avec eux les habitants de ces pays maintenus sous une chape de plomb depuis plusieurs décennies, ont cessé d’avoir peur, ils se sont levés et la tyrannie n’a pas résisté à la soif de liberté d’une jeunesse ouverte sur le monde, un rejet du népotisme, de la pauvreté , de la corruption, de la censure, de l’abêtissement érigés en système. En Tunisie comme en Egypte, la difficile transition est lancée, période de négociations, de prise en compte des rapports de force, de mise en œuvre d’un processus démocratique. Exercice délicat dans des pays où toute force d’opposition démocratique a été laminée depuis des années par le pouvoir en place.
Voila différents extraits du discours du président des Etats-Unis, Barak Obama, suite au départ de Moubarak le 11 février 2011 :
« Nous avons vu les manifestants scander « salmiya, salmiya » - nous sommes pacifiques - encore et encore. Nous avons vu une armée qui n’allait pas tirer sur la population qu’elle a juré de protéger. Et nous avons vu des médecins et des infirmières courir dans les rues pour soigner les blessés, des bénévoles fouiller les protestataires pour s’assurer qu’ils n’étaient pas armés. C’est là le pouvoir de la dignité humaine ; on ne saurait jamais la refouler. Les Égyptiens nous ont inspirés, et ils l’ont fait en infligeant un démenti à l’idée que la violence est le plus sûr moyen d’obtenir justice ; car en Égypte, c’est la force morale de la non-violence - non pas le terrorisme, non pas la tuerie aveugle, mais la non-violence, la force morale - qui a fait ployer l’arc de l’histoire vers la justice, une fois de plus. Et bien que les vues et les sons qui nous sont parvenus aient été entièrement égyptiens, nous ne pouvons nous empêcher d’ouïr les échos de l’histoire : ceux d’Allemands abattant un mur, d’étudiants indonésiens descendant dans la rue, de Gandhi conduisant son peuple vers la justice."
Nous vivons un moment historique comme le fut 1989 avec la chute du mur. Soulignons que ce sont à mains nues que ces peuples, ayant abandonné leur peur, ont vaincus ces systèmes totalitaires avec comme seule arme leur dignité et leur détermination, C’est l’occasion de relire le très actuel texte « La Servitude Volontaire » écrit en 1549 par Etienne de la Boétie alors âgé de 18 ans. « Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. Tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelquefois un tyran seul, qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent. Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres. Je ne vous demande pas de le pousser, de l’ébranler, mais seulement de ne plus le soutenir, et vous le verrez, tel un grand colosse dont on a brisé la base, fondre sous son poids et se rompre. »
Ces conseils sont aussi valables pour nous en France. C’est dans cet état d’esprit que le MAN Lyon organise début avril un colloque sur la résistance et la désobéissance civile dans les services publics.
Contact presse : Delphine Leray - 01 45 44 48 25