
Solidarité avec la société civile tchadienne
Le MAN assure de sa solidarité la société civile tchadienne qui réclame la démocratie et condamne fermement une répression aveugle qui a provoqué plus de 60 morts lors des manifestations à N’Djamena et en province le 20 octobre.
Ces manifestations sont liées à la contestation légitime de la prolongation de deux ans « d’une période de transition sans élections » portant au pouvoir Mahamat Idriss Deby. L’armée a riposté à balles réelles et plusieurs cas de torture ont été révélés par la Fédération Internationale des Droits de l’Homme.
Depuis un an qu’il est au pouvoir, le nouveau leader tchadien, ne s’embarrasse pas plus de démocratie que son prédécesseur, à savoir son père. En avril 2021, le père Deby, après 30 ans au pouvoir, meurt lors des combats avec des rebelles. L’armée désigne alors son fils, le 20 avril 2021. Nous sommes ici en présence d’un principe dynastique institué par l’armée tchadienne, qui est incompatible avec les principes démocratiques.
Des victimes des affrontements de ce 20 octobre à N’Djamena ©AFP - AFP
Le MAN tient à rappeler la responsabilité de la France dans l’installation du fils du despote Idriss Deby au pouvoir. Le Tchad est depuis plus d’un demi-siècle la clé de voûte du dispositif militaire français dans la région, et l’armée tchadienne est une alliée de la France. Notre pays défend donc « le principe de stabilité » contre celui de la démocratie ! Au Mali, la France condamne une junte militaire à qui elle demande de remettre le pouvoir aux civils et au Tchad, elle couvre les agissements criminels d’une junte au pouvoir. La politique de deux poids deux mesures doit absolument cesser.
Le MAN demande à la France de mettre un terme à son double jeu au Tchad et de prendre des sanctions fortes contre la junte au pouvoir : gèle de leurs avoirs, suspension de toutes formes d’aide, de coopération et de collaboration.
Le MAN apporte son soutien total à la société civile tchadienne en lutte pour la remise du pouvoir aux civils conformément aux résolutions de l’Union Africaine, de l’Union Européenne et aux recommandations de la communauté internationale.
Le MAN rappelle que le droit de manifestation est un principe universel et soutien l’aspiration du peuple tchadien à la démocratie et à un État de droit.
La France et l’Union Européenne, engagées dans le sahel pour combattre le terrorisme, devraient se souvenir que l’injustice et la pauvreté ne peuvent qu’alimenter des sentiments de désespoir mais aussi de révolte et de haine. Longtemps résigné, le peuple tchadien n’en peut plus et mérite notre solidarité !
Adoum Djibrine Haroum : Membre du réseau international
Denys Crolotte : Porte-parole