Mouvement pour une Alternative Non-violente

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Stratégie d’action non-violente

Analyser - se préparer - agir

Publié le 11 novembre 2011.





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La stratégie de l’action non-violente.

Analyse de la situation

 connaissance exacte des faits avec recherche de l’objectivité. Il est important de posséder des justifications, des preuves des affirmations avancées.

 compréhension, analyse de la situation
 qui est responsable de la situation ?
 que dit la loi ?
 quels partenaires avons-nous ?

 choix d’un objectif (possible, limité, précis )

 décision collective avec une réflexion sur :
 la réussite potentielle de l’action et le réalisme de l’objectif.

 le choix de l’objectif doit être en rapport avec les forces en présence.

 la proposition doit être susceptible d’être acceptée par l’adversaire. Elle doit donc être juste et respectueuse des besoins de chacun. Le nouvel état devra être profitable à chacun. Il serait stérile pour le groupe de demander des objectifs inacceptables par l’adversaire et cela discréditerait l’action.

 les risques encourus en rapport avec l’objectif. Le groupe est-il capable de faire face à la répression ?

 la portée symbolique de l’objectif pour l’opinion publique.

 à travers cet objectif les moyens donnés aux individus de s’investir sans qu’il y ait recours à la violence. Il s’agit de canaliser les énergies. "Ne rien faire est le moyen certain d’appeler à la violence". L’action ne doit donc pas être réservée à une élite mais ouverte à la majorité de la population.

L’objectif doit être clairement défini et limité. C’est un point d’appui, un levier, comme la marche du sel de Gandhi. On se sert d’une action limitée dans sa portée comme levier pour faire modifier en profondeur un fonctionnement institutionnel, la société,...

Premières négociations

Il ne faut pas rompre le dialogue car l’objectif final est de négocier.
Il faut rester ferme sur ses positions sans se contenter de promesses.

Appel à l’opinion publique

Les situations injustes ne sont possibles que s’il y a une collaboration passive de l’ensemble de la population. Il s‘agit en effet de la réaction la plus facile et la plus confortable face à de telles situations. Si la population rompt cette collaboration, prend conscience de l’injustice de sa situation ou de la situation d’une partie de la population alors elle met en difficulté le gouvernement.
Il est donc primordial d’informer, de sensibiliser, de conscientiser la population afin que celle ci exerce une pression sur le gouvernement ou les décideurs. Cette pression, si elle est importante, peut suffire à les faire céder.

Le réveil de l’agressivité de la population, si elle est indispensable, provoque des tensions sociales inévitables mais qui peuvent amener des réactions violentes chez les opprimés (King, Gandhi).

Les moyens

L’information

 par les journaux. Il faut communiquer aux journaux un dossier le plus complet possible. Une conférence de presse peut aussi être organisée.
 à travers diverses organisations. On pourra informer les partis politiques, les syndicats, les mouvements, les organisations qui peuvent apporter un soutien à l’organisation.
 par des tracts.
 par affichage
 par des réunions publiques d’information
 par des communiqués. Il s’agit d’une prise de position publique de diverses personnalités sur un texte fort et précis pour que le fait même de signer soit un engagement en soi.
 par des pétitions. La facilité qu"il peut y avoir à signer une pétition risque de venir affaiblir la portée de la démarche.

Il est important d’utiliser une parole dépourvue de violence. "La force de frappe du mot vient de sa justesse, et non de sa violence " Jean Marie Muller. L’humour est également une force de persuasion auprès de l’opinion publique. C’est, en plus, une protection contre la haine et la violence.

Les interventions directes.

Il s’agit de venir au contact direct du public afin de l’informer. Elles sont aussi des moyens de pression et préparent la mise en oeuvre des moyens de contrainte.

- défilé :
D’un point à un autre d’une ville. Il faut veiller à l’organisation (service "d’ordre" ou modérateurs), prévoir des slogans significatifs et donner des consignes de calme et de dignités aux manifestants afin d’influencer de manière positive la population.
Ce peut être aussi un défilé silencieux "d’hommes sandwich".

- marche :
Il s’agit de parcourir une longue distance de ville en ville en organisant des réunions publiques dans les villes traversées afin d’informer la population. La marche peut informer sur une action qui aura lieu au terme de la marche. (La marche du sel )

- théâtre tract :
Il s’agit de jouer dans la rue une scène de théâtre de 2 à 3 minutes qui puisse faire passer un message clair, condensé et simple. Un seul message par scène.
Une variante est le "théâtre invisible", où l’action lance le débat, en ne démasquant pas les acteurs (dans un bus, un métro, un bureau de poste, …).

- sit-in :
Il s’agit d’une manifestation assise dans un lieu symbolique.

- heure de silence ou action de vigilance :
Plusieurs personnes se rassemblent en un lieu symbolique et visible et se tiennent debout en silence, communiquant par l’intermédiaire de pancartes et de banderoles. D’autres personnes peuvent distribuer des tracts et discuter avec les passants (folles de mai).

- enchaînement :
Quelques militants s’enchaînent aux grilles d’un édifice public. Ils sont généralement détachés par les forces de l’ordre. C’est la photo publiée dans la presse qui donnera un impact important à la manifestation.

- grève de la faim limitée ou jeune :
Il s’agit de s’abstenir de toute nourriture pendant quelques jours afin d’interpeller l’opinion publique et les responsables à propos d’une injustice. C’est une action de protestation et de conscientisation. Etant limitée dans le temps, elle ne vise pas la suppression de l’injustice. La personnalité des grévistes de la faim joue un rôle important dans l’impact qu’elle peut avoir pour l’opinion publique.

Envoi d’un ultimatum

Si les décideurs refusent toute solution négociée, il est temps de fixer une date au-delà de laquelle l’action directe commencera.

Action directe

Il s’agit d’instaurer un rapport de force pour obliger les décideurs à la négociation sans suspendre les actions de sensibilisation auprès de la population.

- actions directes de non-coopération :
Les citoyens refusent de coopérer avec les institutions, les lois, les régimes qui créent ou maintiennent une injustice. En s’attaquant à leur pouvoir, ils les obligent à satisfaire leurs revendications.

- renvoi de titre et de décoration :
Symbolique mais peut avoir un impact important sur l’opinion publique.

En 1970, aux Etats-Unis, d’anciens soldats américains ayant participé à la guerre du Vietnam ont jeté à terre leur décoration pour s’opposer à celle ci. Cette manifestation impressionna l’opinion publique nationale et internationale.

- opération ville morte ou hartal :
C’est un jour de grève générale pendant lequel la population doit déserter les lieux publics et rester chez elle. Elle peut inaugurer le début d’une campagne d’actions directes. Elle indique au gouvernement la détermination de la population. Sa réussite implique que la population soit fortement mobilisée et qu’elle soit consciente des enjeux de l’action.

En 1919, Gandhi inaugura de cette manière la première campagne d’action directe contre le gouvernement britannique pour l’indépendance de l’Inde.

- grève :
C’est une réelle force de contrainte sur les dirigeants et les directeurs. Ceux ci ne peuvent accepter la paralysie de l’entreprise. Les grévistes doivent être suffisamment organisés pour poursuivre la grève. Elle ne permettra d’atteindre l’objectif que si elle est illimitée.
La grève limitée aura un rôle d’avertissement ou de protestation sur un thème précis.

- boycott :
Les consommateurs ont un pouvoir économique important. Ils peuvent l’utiliser pour faire pression afin d’améliorer la qualité des produits, afin de garantir les droits des travailleurs ou de protester contre les positions des dirigeants. Pour que le boycott soit efficace il faut que l’entreprise ait une baisse conséquente de ses revenus ! Un appel public ne suffit pas. Il faut organiser des piquets de boycott à proximité des points de consommation. L’action doit s’inscrire dans la durée. (action de César Chavez, boycott des oranges Outspan d’Afrique du Sud).
Aujourd’hui des lois ont été votées pour limiter les appels au boycott au nom de la défense des entreprises. Elles augmentent le risque mais favorisent la médiatisation.

- désobéissance civile :
Quand le mouvement a épuisé les moyens légaux, il peut alors employer des moyens illégaux : c’est la désobéissance civile. Elle repose sur le fait que l’obéissance à la loi engage la responsabilité du citoyen. Si la loi est injuste, chaque citoyen en est responsable. Il doit donc faire appel à sa conscience, sa raison pour décider de son attitude et de si une action est légale ou légitime. "Ce n’est pas la loi qui doit dicter ce qui est juste mais ce qui est juste qui doit guider la loi" Jean Marie Muller.
La prise de décision d’une désobéissance civile doit être collective et utilisée pour l’acquisition d’un droit fondamental. Le but est la modification de la loi (droit à l’avortement) mais pas l’abolition des lois, et encore moins une volonté de ne pas appliquer la loi (griller les feus rouges…).
Il ne s’agit pas de nier l’importance constructive de la loi dans une société mais de l’améliorer.

Faut-il se plier à la sanction ?
Cela dépend des circonstances. Elle peut permettre au mouvement de prendre de l’ampleur grâce au retentissement médiatique mais elle peut aussi, sous certains régimes totalitaires, éteindre le mouvement. La loi étant injuste, on peut considérer que la sanction l’est aussi.

Quelques exemples de désobéissance civile :
 la grève des loyers. L’action ne sera efficace que si elle est menée de manière collective.

 l’auto réduction des factures (loyers, charges, EDF). Si l’on considère que certains prix sont excessifs, que la politique suivie par certains dirigeants est néfaste alors on décide de manière collective de réduire sa facture (diffusion de faux billets de transport).

 le refus de l’impôt. On ne s’oppose pas au principe même de l’impôt. Si la manière d’utiliser l’impôt est injuste, ou que l’on est victime d’un impôt injuste, on peut décider de ne plus le payer afin de contraindre le gouvernement à modifier sa manière de gérer le budget. L’argent qui n’est pas versé à l’état par les militants peut être utilisé collectivement pour remédier à l’injustice contre laquelle le mouvement proteste (Larzac).

- grève de la faim illimitée :
La grève de la faim ne cesse que lorsque l’injustice dénoncée disparaît. Elle ne doit être utilisée que si tous les autres moyens d’action ont échoué et pour des motifs graves. Pour entreprendre une action de ce type, il faut que la population soit déjà sensibilisée. La grève joue alors un rôle de catalyseur et peut mobiliser les populations. Elle doit être relayée par de nombreuses manifestations publiques.

- action directe d’intervention

L’intervention non violente est une confrontation directe avec l’adversaire par laquelle on s’efforce de provoquer les changements par les faits. L’adversaire est placé devant les faits accomplis et l’affrontement devient inévitable. Les risques encourus doivent être soigneusement calculés.

- le sit-in (être assis dedans ) est une occupation assise de locaux qui sont la propriété de l’adversaire. Lors d’une grève, il s’agit d’occuper les locaux des patrons afin de les obliger à négocier.

- l’obstruction consiste à faire de son corps (die in, enchaînement) un obstacle empêchant toute circulation. Elle peut être utilisée dans des bâtiments officiels pour empêcher une rencontre en haut lieu, dans un chantier pour entraver la construction de bâtiments jugés indésirables (centrale nucléaire, base militaire,...).

- L’usurpation civile. Au lieu d’abandonner son poste et de cesser toute activité, il peut être plus efficace de rester en fonction et de profiter du pouvoir que celle ci confère pour agir dans l’intérêt de ceux qui subissent l’injustice.
Les ouvriers, au lieu de se mette en grève pour obtenir de nouvelles cadences, restent à leur poste et imposent eux même de nouvelles cadences.

Programme constructif

"La vraie démocratie ne viendra pas de la prise du pouvoir par quelques-uns uns mais du pouvoir que tous auront de s’opposer aux abus du pouvoir" Gandhi.
Il s’agit de ne pas se limiter à la contestation mais d’organiser, parallèlement aux institutions et aux structures contestées d’autres institutions apportant des solutions constructives (Kosovo).
C’est une manière de nous responsabiliser, de nous impliquer dans les affaires de l’état, de tenir vraiment notre rôle de citoyen.

La répression

Alors que des moyens violents justifieront une répression violente de la part de l’état aux yeux de l’opinion publique, des moyens non-violents obligeront l’état à se justifier de sa propre violence.
Lors d’une action "violente" le débat portera sur les moyens utilisés. Si les moyens sont non violents, le débat portera sur le fond du problème (Palestine).

La répression fait partie intégrante de l’action. Le but n’est pas de l’éviter mais de l’utiliser pour créer un débat dans l’opinion publique et amener le pouvoir à céder et à reprendre les négociations. Pour cela, il faut évaluer les risques encourus et être capables de les assumer.

L’efficacité de l’action tient au nombre de militants impliqués, à sa capacité à tenir tête à la répression.

La préparation à l’action

La réussite de l’action non-violente repose sur le fait que celle ci reste non violente. Toute violence perpétrée contre des hommes ou des biens sert la cause de l’adversaire et discrédite l’action aux yeux de l’opinion publique.
Il y a donc nécessité de "contrôler" les réactions des personnes présentes en organisant des initiations à l’esprit, aux méthodes de la non-violence. Il est important de former un corps de volontaires expérimentés pouvant encadrer les participants.
Les jeux de rôle peuvent être utilisés pour nous aider à surmonter angoisse et peur (exemple de Martin Luther King lors du retour à la fréquentation des bus pour permettre de faire face aux agressions des blancs ).