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Face à la précarité et l’exclusion, de nouvelles formes de solidarité : la Quinzaine de la non-violence et de la paix 2018

Publié par MAN, le 30 septembre 2018.





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Qu’est-ce que la quinzaine de la non-violence et de la paix ?

Depuis plusieurs années le MAN organise la "Quinzaine de la Non-violence et de la Paix" et propose des animations sur un thème spécifique. C’est un moment fort de sensibilisation et d’actions entre deux dates symboliques : le 21 septembre est la journée mondiale de la paix, le 2 octobre est la journée mondiale de la non-violence (jour anniversaire de la naissance de Gandhi). Ces deux dates ont été fixées par l’ONU.
Le thème retenu cette année par le MAN est :

Face à la précarité et l’exclusion : de nouvelles formes de solidarités
Construire un monde où chacun ait sa place

Retrouvez les programmes de ce temps fort de la non-violence et de la paix !

Argumentaire

Les phénomènes d’exclusion, de discrimination, révèlent une cassure entre individus, et un accroissement des inégalités. C’est une profonde injustice sociale, économique, spatio- temporelle que vivent quotidiennement un certain nombre de nos concitoyens. Cette situation entraîne souffrance, découragement, détresse, repli sur soi et perte de confiance dans ce qui fait société. Vouloir comprendre ces phénomènes et les faire reculer est une affaire qui concerne chacun.

Le MAN, dont le rôle est de faire valoir l’apport de la non-violence dans les luttes sociales et politiques ainsi que dans l’action éducative, se doit de prendre la parole en proposant une analyse et une réflexion sur ces phénomènes de société, et en soutenant les multiples actions menées avec d’autres, en réseaux, pour que chaque individu trouve place et considération.

Les lieux et les moments d’intégration se sont considérablement réduits et les mécanismes d’exclusion n’ont jamais été aussi prégnants, que ce soit à l’école, dans la cité ou dans le travail. Autrefois, l’activité professionnelle contribuait à susciter un sentiment d’appartenance à l’entreprise ou à une classe sociale. Aujourd’hui le chômage et la précarité renforcent le sentiment d’exclusion. Économiquement les écarts se creusent entre les plus riches et les plus pauvres. Le développement de la grande pauvreté, la précarité de l’emploi avec la généralisation des petits boulots, et des formes « d’ubérisation » de l’activité professionnelle, génèrent de très nombreux travailleurs pauvres qui peinent à faire face à l’ensemble de leurs charges financières.
Au niveau géographique certains territoires se sentent de plus en plus relégués, c’est le cas des banlieues des grandes villes mais aussi des petites villes de campagne où l’emploi industriel a disparu et où les services publics se sont éloignés des habitants. Les citoyens se sentent abandonnés, déconsidérés, notamment par les pouvoirs publics. Ils ne se sentent pas représentés ni pris en compte par la classe politique, par les élus. Ce sentiment d’être exclus qui peut se manifester par un repli sur soi, par la crainte des autres, peut s’accompagner aussi d’une méfiance envers la gestion de la cité, par le retrait de l’engagement citoyen ou l’attrait pour des mouvements extrémistes. Dans ces conditions le lien social se délite.

Il résulte de cette situation que les personnes exclues se sentent de plus en plus humiliées et méprisées. Il faut aller à contre courant d’une idéologie dominante qui privilégie l’individualisme et qui réduit la réussite personnelle à la somme des biens matériels acquis. Car chacun, quelles que soient ses difficultés, son histoire, a droit au respect inconditionnel de sa personne, de ses besoins, de ses aspirations, de sa dignité.
Voila pourquoi l’engagement pour dénoncer les préjugés sur les pauvres et la pauvreté participe à une déconstruction des fausses représentations. Toute expérience de vraies rencontres entre mondes qui s’ignorent aide à la restauration du lien social et à la diminution de la défiance des uns envers les autres ;par exemple, des activités mixtes entre personnes porteuses d’un handicap et valides se concluent le plus souvent par une (re)connaissance mutuelle et le plaisir d’une action partagée.

Émergence d’alternatives solidaires
Loin de la crispation sur de simples recettes répressives ou économistes, mais sans nier l’existence des problèmes, plusieurs expériences prouvent que de plus en plus de personnes font reculer l’exclusion en mettant en œuvre des actions citoyennes. Des actions collectives sont menées qui renforcent le sentiment d’appartenance et permettent aux individus de retrouver leur dignité : on peut évoquer l’opération "territoire zéro chômeur" qui permet aux plus exclus de trouver une activité d’utilité publique. Ainsi la personne gagne en confiance en trouvant sa place et en participant à la vie de la collectivité.

La puissance publique peine à trouver des réponses dignes dans l’accueil des migrants. Face à ce constat sévère et à un certain sentiment d’impuissance pour faire bouger les lignes de la politique d’immigration, des citoyens s’engagent dans de nouvelles formes de solidarités. Ce sont par exemple des actes concrets d’accueil à domicile avec les réseaux Welcome, Calm (Comme à la maison). Plusieurs familles de migrants sont accueillies dans des communes rurales. Des associations de parents d’élèves se mobilisent, quelquefois en occupant l’école, pour des enfants scolarisés dont les parents sont sans papiers ou sans hébergement. Ces mobilisations s’opposent à la volonté du gouvernement de pénaliser la solidarité, et réaffirment, quelques fois par des actions de désobéissance civile, que la solidarité n’est pas un délit.

Une autre façon de lutter contre l’exclusion est de renforcer la démocratie. De nombreux citoyens ne se sentent plus représentés par les élus dans le cadre du système représentatif et sont tentés par des formes plus participatives de la démocratie directe et des alternatives à la représentation élective (tirage au sort par exemple, expertise citoyenne.....). Émergent ainsi de nouvelles formes de gouvernance où les personnes seraient davantage respectées, reconnues, et trouveraient fierté et dignité. C’est aussi le cas des pratiques de justice restauratrice, qui s’appuient sur le groupe pour trouver collectivement des alternatives durables dans le cadre de la résolution des conflits.

Ce frémissement citoyen n’aura de véritable signification que s’il débouche sur un processus global de changement de société en rupture avec la culture de violence et en vue d’une répartition plus équitable des richesses.

Yvette BAILLY
MAN Lyon